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Libération

Rencontre explosive entre Cohn-Bendit et La Hague. En fin de journée, hier, les chasseurs se sont mis de la partie.

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publié le 20 janvier 1999 à 23h14

La Hague, envoyée spéciale.

«Enfin!» soupire Cohn-Bendit du fond de son bus. Gourmand avant la rencontre. Dans le brouillard épais du Cotentin, se découpent les barbelés de l'usine de retraitement des déchets nucléaires, ses grilles, ses bâtiments, puis, de plus en plus clairement, ses ouvriers. Ils sont venus nombreux, l'air colère et la banderole syndicale ­ FO et CGT ­ bien visible. Si nombreux que, dans le car, une voix plaisante encore: «On va avoir quelques petits problèmes. Dites-leur bien que Dany, c'est le rouquin.»

oeufs et bouse. Dehors, plus personne ne rigole. Il n'y a que de la haine. Ça fuse. De la bouse, des oeufs, et des insultes. «Retourne en Allemagne», «pédé», «enculé», «facho», «on va te buter». La police regarde. Les vigiles de la Cogema aussi, plutôt hilares: «Attention, les oeufs, c'est pour eux, pas pour nous.» Difficilement, la tête de liste des Verts avance. A ses côtés, Didier Anger, ancien porte-parole des écologistes, vieux militant antinucléaire ­ d'où le purin sur ses lunettes ­ et Marie-Anne Isler Béguin, numéro deux de la liste, griffée au visage.

Un syndicaliste fait face au candidat. Cohn-Bendit: «Est-ce que toi et moi, on peut se parler?» ­ «Tu veux foutre mon emploi en l'air, tu veux foutre la région en l'air.» ­ «Calme-toi, il faut qu'on discute.» La main de Cohn-Bendit s'est posée sur la tête de l'ouvrier, il tente de faire baisser la température. Sans y parvenir: «Tout ce qui compte pour toi, c'est de foutre la merde dans ton pays.» Mam