Visage fermé, Elisabeth Guigou écoute. A l'Assemblée nationale hier,
Jean-Pierre Chevènement s'est levé pour répondre à une question sur les «centres de retenue» pour mineurs multirécidivistes qu'il évoque depuis dix jours. En fait, le ministre de l'Intérieur répond à côté. «Je ne suis absolument pas attaché aux mots, dit-il, le terme de retenue ce n'est pas méchant. Il s'agit de traiter la hausse des violences urbaines et de la délinquance des mineurs qui représentent un quart de la délinquance totale.» Sa réponse n'explique pas ce que sont ces centres, dont la ministre de la Justice a déclaré dimanche «je ne vois absolument pas de quoi il s'agit». En privé, d'ailleurs, elle se moque: «Si Chevènement veut parler de centres fermés, c'est Alain Peyrefitte (ministre de la Justice RPR de 1977 à 1981, ndlr), qui les a supprimés, ce n'est sûrement pas nous qui allons les rouvrir.» Pourtant, si la ministre de la Justice enrage contre son collègue de l'Intérieur, elle est rassurée. «Nous sommes certains que Lionel Jospin n'envisage pas de modifier l'ordonnance de 1945 (qui régit la délinquance des mineurs, ndlr) comme le souhaite Jean-Pierre Chevènement», dit-on à la chancellerie. Hier, d'ailleurs, devant les députés socialistes, le Premier ministre a affirmé que le gouvernement allait augmenter le nombre des «dispositifs éducatifs renforcés» (DER), ces petites structures d'hébergement accueillant cinq à six jeunes encadrés par autant d'éducateurs. Lionel Jospin a estimé qu'«une so