Mardi 10 juin, amphithéâtre de l'université Pierre Mendès-France à
Grenoble. Dans une salle prévue pour 200 personnes, 400 étudiants déchaînés attendent de pied ferme une délégation d'élus de gauche du conseil régional. La région vient de leur sucrer les bourses d'études à l'étranger. A fond dans leur stratégie de blocage de la gestion Millon, socialistes, communistes et verts ont mêlé leurs voix à celles du Front national pour mettre l'ancien ministre de la Défense en minorité. Un choix incompris par l'opinion. Bernard Soulage, président du groupe socialiste, s'en prend «plein la gueule». Il se fait tellement insulter par les étudiants, que sa fille, présente avec des copains, quitte la salle par deux fois en larmes. L'été noir des antimillonistes a commencé.
Rien ne va plus dans la gauche plurielle. Mercredi 20 mai, quelques instants avant le début de la commission permanente, les communistes flanchent: ils refusent de voter systématiquement contre les dossiers proposés par Millon. Les socialistes et les verts leur donnent dix minutes pour changer d'avis, «sinon, vous allez faire le jeu de Millon». François Auguste, président du groupe communiste, consulte ses troupes et revient défait: «D'accord pour cette fois, mais on en rediscute en sortant». Les communistes regretteront amèrement cette promesse: c'est ce jour-là, et grâce à leur aide, que les bourses des étudiants sont retoquées. Ils décident que désormais ils voteront au cas par cas. «Bloquer tout, c'est en fait lais