Les arguments changent, mais les privatisations restent. Intervenant
hier au Forum de l'Expansion, Lionel Jospin l'a confirmé à demi-mot: «Nous devons construire des ensembles industriels puissants en mesure d'affronter la concurrence européenne et mondiale. Cela peut exiger dans certains cas des ouvertures de capital des entreprises publiques qui peuvent parfois aboutir à des privatisations.» Bref, le libéralisme ambiant suppose des concessions et le Premier ministre se veut pragmatique. S'«il n'est absolument pas question de privatiser EDF» , les entreprises de défense (Thomson) et d'aéronautique (Aérospatiale, Air France) sont à l'évidence en ligne de mire. Un tel programme aurait pu, il y a quelques mois, être fatal à l'unité de la majorité plurielle. Mais, en matière de privatisation, la position des alliés semble évoluer au rythme de la pensée jospinienne. Témoin: le texte que Robert Hue a soumis en septembre dernier à ses militants: «Les communistes ne considèrent pas l'ouverture du capital à des financements autres que publics comme une question taboue à laquelle il faudrait répondre a priori par la négative, en tout lieu et en toute circonstances.» Selon l'Humanité, le PCF serait désormais prêt à «faire une différenciation nette selon la nature des entreprises ou des services, en fonction de l'intérêt général dans la société d'aujourd'hui». Difficile d'être plus conciliant.
Convaincu de ne pas se faire attaquer sur sa gauche, Jospin devait conserver ses distances ave