L'irruption d'Internet dans notre quotidien change le rapport à l'espace. Pour le philosophe Paul Virilio, nous entrons dans l'ère de la stéréoréalité, où se construit un espace en double (l'un concret, l'autre virtuel). Dans le cadre d'Imagina, le Salon des images de synthèse qui se tenait cette semaine à Paris et Monaco, étudiants, chercheurs, architectes et philosophes ont discuté de cet espace hybride. Extraits.
«Une mutation du rapport au réel»
«La stéréoréalité, en référence à la stéréophonie (la différence entre graves et aigus donne la perspective sonore) n'est pas un concept mais un constat. L'espace actuel, celui où j'agis ici et maintenant, c'est les graves, et l'espace virtuel les aigus. De la même manière, entre la présence concrète où domine le temps réel des transports, c'est-à-dire le temps local, et la téléprésence, où prévalent les transmissions, il y a également un effet de champ. Côté graves, la vitesse est relative et locale, côté aigus, elle est absolue et globale. Côté graves, la lumière est directe (soleil, électricité), de l'autre elle est indirecte (signal vidéo et audiovisuel). La galerie des Glaces à Versailles, les régies vidéo, les salles de téléconférence, les webcams, les systèmes de communication militaires sont des lieux de préfiguration de la stéréoréalité. Si le surréalisme n'a guère affecté l'architecture, le stéréoréalisme ne peut manquer de le faire. Le temps présent, le live, l'emporte sur le futur et le passé. Et le temps réel des transmissions l'emporte sur le temps d