Mardi 29 septembre 1998, Barcelone, Espagne. Bernard Soulage,
président du groupe socialiste au conseil régional et chargé de mission à la mairie de Grenoble, participe au même colloque que le maire de Lyon, Raymond Barre. Soulage est déprimé. Il craint que l'opinion s'habitue à l'élection de Charles Millon, et s'inquiète de voir la droite républicaine incapable d'élargir son audience au sein de l'assemblée régionale. Barre le prend par le bras pour une petite promenade. Entre la place Christophe-Colomb et le nouveau port de plaisance, l'ancien Premier ministre lui remonte le moral: «Moi, je ne baisserai pas les bras, je ne céderai pas. J'ai la conviction que droite et gauche vont pouvoir trouver un moyen pour s'entendre.» Et renverser Millon. Quelques jours plus tard, le 3 octobre, plus de 15 000 personnes protestent contre «l'alliance Millon-FN» dans les rues de Lyon. C'est la plus grosse manifestation depuis l'élection du président du conseil régional. De quoi redonner un coup de fouet à la gauche, qui sait qu'elle doit désormais aller très vite. Il lui faut reprendre l'offensive et multiplier les coups. Via Roger Fougères, conseiller régional socialiste et chercheur, les élus anti-Millon obtiennent des présidents d'universités qu'ils refusent de se rendre à l'invitation du maire de Belley, le 12 octobre, à Charbonnières. Une claque pour le président. Le 23, Millon est mis en minorité en ne recueillant que 44 voix sur les subventions à la politique de la ville. Le rieur