La fondation Marc-Bloch concurrente déclarée de la fondation
Saint-Simon avait vu un peu juste, mercredi soir. La salle Colbert de l'Assemblée nationale, qui accueillait un colloque sur l'Europe d'Amsterdam, était beaucoup trop exiguë pour permettre à la foule qui piétinait devant le Palais-Bourbon de trouver place. Même Henri Guaino, ancien commissaire général au Plan et membre fondateur de Marc-Bloch, a dû rebrousser chemin.
Une semaine après la révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité d'Amsterdam, la fondation offrait une tribune aux adversaires patentés de cette Europe qui «aliène la souveraineté nationale», selon Georges Sarre, député du Mouvement des citoyens (MDC). Charles Pasqua s'en est pris à Jacques Chirac. «Le fait qu'il n'y ait pas eu de référendum» sur Amsterdam, «c'est véritablement de la part du président de la République un manquement grave à ses responsabilités», a-t-il déclaré, mettant dans le même sac «les parlementaires» qui ont voté «pour ce transfert de compétences», sous le regard approbateur de Georges Sarre et de Marie-France Garaud, coincée sur une chaise près de la sortie.
Pourtant, dans le clan des antieuropéens, des nuances se font entendre. Marie-Noëlle Lienemann, membre de la Gauche socialiste et députée européenne, met en garde contre «tout repli national». «Je me bats pour que l'Europe ait un vrai pouvoir politique et un vrai pilier social. Alors qu'aujourd'hui, tout est fait pour démanteler notre système social.»