La Nouvelle droite, c'est-à-dire le Grece (Groupement de recherche
et d'études pour la civilisation européenne), créé en 1968, et, dans un sens plus large, le Club de l'Horloge, fondé en 1974 par Jean-Yves Le Gallou et Yvan Blot, eux-mêmes animateurs du Grece, sont le berceau idéologique de Bruno Mégret. Chercheur au CNRS et auteur de nombreux ouvrages consacrés au racisme et à l'extrême droite (1), Pierre-André Taguieff analyse la nature idéologique du mégrétisme.
Qu'a appris Mégret au Club de l'Horloge, qu'il a rejoint en 1975?
D'abord, la centralité de la question de l'identité, le mythe identitaire présenté sous la forme d'un triple enracinement: dans les régions, dans la nation et dans la civilisation européenne. Il y a également trouvé la transformation du racisme, le passage d'un racisme biologique et inégalitaire à un racisme culturel et différentialiste. Pour les néodroitiers, l'impératif fondamental est de défendre l'identité ethnoculturelle des Français et des Européens. Mégret s'est aussi initié à un libéralisme économique défendu par le Club de l'Horloge, et récusé par le Grece, qui n'est pas un libre-échangisme supposant l'ouverture des frontières mais un capitalisme dans les limites de la nation, un libéralisme réinscrit dans le nationalisme et, déjà, protectionniste. Mégret a compris que, s'il rejetait la gauche, c'est parce que celle-ci incarnait l'égalitarisme.
Tout cela donne un corps de doctrine plus «présentable» que celui de la vieille extrême droite?
Oui,