Menu
Libération
Analyse

Chevènement, le revenant qui transforme la gauche en enfer.

Article réservé aux abonnés
publié le 26 janvier 1999 à 23h19

Fussent-ils «républicains», il faut toujours se méfier des miracles.

Et des miraculés qui vont avec. Car la part de divin qui les auréole fait rarement bon ménage avec le rationnel qui doit prévaloir dans la conduite d'un gouvernement. Sitôt revenu des bords du Styx, Jean-Pierre Chevènement s'est ainsi cru mandaté pour faire la leçon à la Terre entière. Jusqu'à moquer John Glenn qui, lui, a pourtant tourné en orbite autour. En trois semaines, le ministre de l'Intérieur s'est cogné à son collègue de l'Education et à celui de la Justice; son aversion pour Dominique Voynet ne se dément pas. Le voici en plus engagé désormais dans un combat frontal contre Cohn-Bendit, tenant, selon sa définition, des «thèses libérales libertaires» alors que lui se voudrait celui de la «gauche républicaine». Comme s'il y avait une gauche qui vomisse la République" Tout cela flaire au pire «l'anarchiste allemand» de Georges Marchais en 68, au mieux la joute des années 70, quand Chevènement, sicaire de Mitterrand, n'avait pas de mots assez durs pour tancer la «gauche américaine» du maire de Conflans-Sainte-Honorine. Celui-ci avait alors le tort de faire remarquer que la France était dans une économie de marché" Distance. Aujourd'hui, et en attendant mieux, Chevènement se croit Premier ministre bis d'un Jospin à qui il aurait beaucoup manqué pendant sa convalescence. Mais il est surtout celui qui commence sérieusement à le desservir. Le chef du gouvernement souhaitait profiter de son début d'année pou