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Libération
Interview

Didier Migaud, rapporteur de la Commission des finances. «Nous ne voulons plus être en situation de légiférer en aveugle»

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publié le 28 janvier 1999 à 23h21

Didier Migaud est rapporteur de la Commission des finances de

l'Assemblée et rapporteur du groupe de travail sur l'efficacité de la dépense publique et le contrôle parlementaire.

Pensez-vous que le Parlement réussira à se rapproprier des missions qu'il a négligées?

Je pense que oui. En décidant d'assumer pleinement son pouvoir de contrôle, le Parlement s'inscrit dans la démarche de rénovation de la vie publique française initiée par le Premier ministre. Il y va du bon fonctionnement de la démocratie. Car le constat est terrible: la Constitution de 1958 a encadré le travail des parlementaires. La pratique a accentué cela et conduit le Parlement à subir et souvent à se soumettre, entraînant un déséquilibre entre l'exécutif et le législatif. Le Parlement, qui avait pour fonction première de contrôler la dépense publique, ne remplit aujourd'hui pas, ou alors très marginalement, sa mission. La France, qui se présente volontiers comme un modèle de démocratie, a, de ce point de vue, des leçons à prendre de ses voisins.

Comment expliquez-vous cette «démission» des députés?

L'apparition du phénomène majoritaire à l'Assemblée y est pour beaucoup. L'opposition est de fait minoritaire, et la majorité, tenue à une solidarité vis-à-vis du gouvernement, souvent enclins à considérer tout contrôle comme dérangeant. La presse aussi a sa part de responsabilité: les critiques que nous pouvons formuler sont aussitôt placées sur le terrain politique. Notre propos est plus constructif: à travers le c