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Libération

Les préches du jeudi, la recette de Jospin. Rien de tel qu'un séminaire pour prévenir les conflits entre ministres.

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publié le 29 janvier 1999 à 23h21

C'était au mois de juin dernier, dans l'avion qui l'emmenait au

sommet européen de Cardiff. Feuilletant la presse, Lionel Jospin confie à son ministre des Finances: «Ah, quand même, il est vraiment bien, mon gouvernement. Il n'y a pas d'erreur de casting, n'est-ce pas?» Dominique Strauss-Kahn: «Si, il y a Dondoux.» Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, avec ses gaffes répétées ne cesse d'énerver son ministre de tutelle, Strauss-Kahn. Jospin joue les étonnés: «Qui?» DSK, agacé: «Dondoux.» Jospin: «Mouais"» Le Premier ministre est ainsi. Vingt mois après la formation de son gouvernement, il considère que sa plus belle réussite reste le recrutement de sa dream team. Strauss-Kahn la grosse tête aux Finances, Aubry l'authentique pour le social, Chevènement en père Fouettard, Voynet et sa fraîcheur" il les couve, les protège, ses ministres. «J'essaie d'être un Premier ministre qui laisse vivre ses ministres, qui n'absorbe pas leur énergie, mais la diffuse. Le rôle d'un chef d'orchestre est de laisser jouer ses solistes, surtout s'ils sont bons», expliquait-il dès l'été 1997. Mais un orchestre, pour s'accorder, doit répéter régulièrement. C'est pour cela que, un jeudi sur deux, Lionel Jospin réunit en séminaire ses ministres ­ avec, demain, une variante, sous la forme d'un conclave de réflexion, en banlieue parisienne.

Mis en place dès l'arrivée de Lionel Jospin à l'hôtel Matignon, le séminaire du jeudi matin est devenu un rituel, avec ce qu'il faut de convention