Le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, gloire de la Marine nationale, vient de vivre une semaine folle, collection d'avanies et de tracas. Sa première sortie en mer, quatre ans après la date initialement prévue, a viré au cocasse: un départ repoussé pour cause de mauvais temps, un compte à rebours qui déraille, un retour précipité à Brest et finalement un début d'incendie" Certes, ce bateau (trop?) complexe en est au tout début de son rodage, mais l'ensemble fait plutôt mauvais effet. A l'état-major de la Marine, on préfère parler «d'acquis très positifs». Et s'en prendre au ton «fielleux» de la presse.
Vent. Lundi, les télévisions avaient été conviées à Brest pour assister au grand show: la première balade en mer du Charles-de-Gaulle, un bateau de 19 milliards de francs qui représente à lui seul 1/6e du tonnage de la Marine. Malheureusement, le temps n'était pas de la partie. Avec un vent de 35 noeuds (65 km/h), des rafales à 45 (85 km/h) et des creux de quatre mètres, le franchissement du goulet de Brest s'annonçait sportif. «Trop risqué», ont estimé les marins. Le départ fut reporté au lendemain.
Attelé à sept remorqueurs, dont l'Abeille conçue pour le gros temps, le porte-avions n'était pas sûr de son système de freinage. En cas d'avaries de la barre, le seul moyen pour stopper ce bâtiment de 40 600 tonnes aurait été d'inverser les hélices, de «battre en arrière» disent les marins. Or, cette manoeuvre n'avait encore jamais été essayée. Les autorités