Les opérations de communication de Lionel Jospin sont de plus en
plus sophistiquées. Le séminaire du gouvernement, samedi, à Champs-sur-Marne, dans la banlieue Est de Paris, en était une, calculée au millimètre. Le lieu, d'abord: le bâtiment de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, signé Chaix et Morel, les architectes du Zénith, tout en verre et tubulures d'aluminium, choisi par les services de Matignon parce qu'il incarne «la modernité» (sic). La salle de réunion, ensuite, elle aussi en verre: comme au zoo, on pouvait admirer la grande table en U, Jospin en chemise blanche et bretelles noires, Elisabeth Guigou et Jean-Pierre Chevènement à sa gauche, Martine Aubry à sa droite, Dominique Strauss-Kahn en polo, Christian Sautter et Bernard Kouchner en col roulé. Le déjeuner encore, où l'on a poussé la chansonnette au moment où passaient les photographes. L'estrade, dans le grand hall, pour la photo de famille. Et bien sûr le point de presse, en fin d'après-midi, par le Premier ministre lui-même, pour une longue demi-heure d'autocongratulation. Le tout servi tout chaud pour les journaux télévisés de 20 heures.
Les débats du séminaire étaient théoriquement confidentiels (ce qui a été justifié par «la nécessité de travailler dans la discrétion afin de mieux assurer la qualité de la transparence du gouvernement»), il était donc difficile d'opposer une autre version des faits à la relation idyllique que fit Lionel Jospin de la réunion. On a donc été prié de noter «le caractère a