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Libération

Astérix chez les Français

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Les valeurs attachées aux irréductibles Gaulois réapparaissent dans un contexte politique chargé.
publié le 3 février 1999 à 23h35

Astérix n'est pas né d'hier mais sa réapparition aujourd'hui sous forme filmée se produit dans un contexte qui n'a pas grand-chose à voir avec celui qui l'avait vu naître en personnage de BD. En quarante ans, ce n'est pas seulement le paysage (politique, culturel, social") qui a changé, c'est souvent le sens des mots et donc leur poids relatif dans le débat franco-français que la figure du Gaulois suscite. Parmi ces mots, celui de «Gaulois», justement, devenu dans le langage des flics la litote pour désigner un prévenu blanc hexagonal, par opposition délicate aux prévenus français basanés et aux prévenus basanés étrangers. Mais aussi le mot «envahisseur» auquel il s'agit de «résister encore et toujours» et dont on trouve désormais plus d'occurrences dans la rhétorique du Front national que, au hasard, dans celle de la Ligue des droits de l'homme.

D'ailleurs, il suffisait de voir, dimanche, les manifestants venus battre le pavé parisien de leur rage anti-Pacs avec un désolant char Astérix en tête de leur cortège, pour mesurer l'amplitude et la variabilité des valeurs qu'Astérix est susceptible d'agglomérer: c'est aussi qu'Astérix, c'est la France (toute la France, nous assure-t-on) et qu'il arrive que la France pue. Il n'y a pas si longtemps, le RPR s'était cassé le nez sur une affiche qui piratait les créatures d'Uderzo (album de référence: la Zizanie) sur le thème «vous en avez assez de la droite la plus bête du monde; nous aussi». Pas prévenu de la récupération, le dessinat