C'est la revanche des méprisés, la liste des haines recuites.
François Bayrou a fait au moins trois heureux en se décidant à conduire une liste autonome de l'UDF aux européennes. Raymond Barre, René Monory et Valéry Giscard d'Estaing savourent la nouvelle. Poussés à la retraite par le RPR (et presque autant par leur propre camp), ces trois-là ont des comptes à régler. Et une arme commune: leur pouvoir de nuisance. Ils comptent bien s'en servir. Contre les gaullistes en général, et contre le premier d'entre eux en particulier: Jacques Chirac.
Barre, l'affaire rhônalpine. Des trois, le maire de Lyon était le plus favorable à une liste unique de la droite. Il expliquait même, avant Noël, ne pas comprendre l'ostracisme de l'UDF à l'égard de Philippe Séguin. Jusqu'à ce que le RPR mette des bâtons dans les roues de sa candidate à la présidence de la région Rhône-Alpes, Anne-Marie Comparini. L'ancien Premier ministre n'a pas vraiment apprécié. Et ça lui a rappelé un fort mauvais souvenir: sa campagne de 1988 pour l'Elysée où les coups bas du RPR n'avaient pas manqué. Il garde une rancune tenace contre le chef de l'Etat et les chiraquiens qu'il ne veut, en aucun cas, voir lui succéder à la mairie de Lyon. «Dans l'Alliance, il faut un minimum de compréhension, un minimum de courtoisie, et il n'y a pas de place pour l'intimidation», a-t-il martelé la semaine dernière.
Monory, la trahison du Sénat. René Monory croyait être un «protégé» de Jacques Chirac. Et ne doutait pas un instant de s