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Libération

Le corps médical mis en cause. L'aveuglement des mandarins.

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Le scandale du sang est en partie la conséquence des dysfonctionnements de la médecine française.
publié le 8 février 1999 à 23h39

Jean Dausset est un professeur reconnu. Prix Nobel de médecine en 1980, il est à l'origine d'une importante découverte sur la comptabilité des systèmes immunitaires entre individus et a fondé France-Transplant qui a permis l'explosion des greffes en France. Bref le sang et les produits, c'est un peu son domaine. Et pourtant, en 1993, devant une Commission d'enquête parlementaire, il lâche: «Le coup de sonnette, pour moi, c'est Laurent Fabius, le 19 juin 1985, à l'Assemblée nationale». Avant? Rien. Pas une inquiétude. Quatre ans après les premiers de cas de sida en France, il ne s'est, dit-il, rendu compte de rien. Le professeur Jean Bernard, autre figure de l'hématologie française, est lui aussi passé à côté. «Mais à cette époque, dans le monde de la transfusion, le sida n'était pas important, on était préoccupé par le risque des hépatites.» Certes... Mais rien n'a été fait non plus pour empêcher les contaminations par l'hépatite C, avec la poursuite des collectes de sang dans des lieux à risque et sans sélection des donneurs. Ce n'est pas tout. On dirait que c'est tout un milieu de grands médecins qui a été aveugle. Et l'est resté longtemps. Des grandes figures ont même pu, en janvier 1994, signer une pétition pour Michel Garretta et Jean-Pierre Allain. Près d'une trentaine de Prix Nobel et plus d'une centaine de médecins ont ainsi fait part de «leur inquiétude», et de «leur sentiment d'injustice» devant l'emprisonnement «d'un directeur d'un grand centre de transfusion sang