Strasbourg, de notre correspondante.

Des moutons venus des hauteurs alsaciennes broutent sans enthousiasme sur la pelouse enneigée du Parlement européen, encerclé par des cordons de CRS et de gendarmes mobiles. Quelques vaches et un veau ruminent sur le parvis du Conseil de l'Europe. Leur robe a été taguée: «-30%. Non à la réforme.» Il y a aussi de la paille à volonté, des légumes, des fruits et des épis de maïs. C'est le syndrome «Salon de l'agriculture»: les agriculteurs, qui s'y connaissent en matière de communication, savent que ça plaît toujours à l'opinion.

Car, pour le reste, les adhérents de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) du Bas-Rhin ont choisi, hier, la démonstration de force: une manifestation en tracteurs dans les rues de Strasbourg, en pleine session du Parlement européen, pour réitérer leur refus de la réforme de la politique agricole commune et de la baisse des prix à la production.

Circulation paralysée. Il y a des manifestations de cette ampleur qui passent totalement inaperçues. Pas celle-là. Ils sont environ 1 500. Grâce au moyen de locomotion choisi (le tracteur), les agriculteurs alsaciens réussissent à envahir la ville et à paralyser la circulation dans une grande partie de la région, provoquant une thrombose aux entrées de l'agglomération. Dans Strasbourg, les engins agricoles, rangés par canton, sont maîtres de la rue: «Pour montrer qu'on existe encore», explique un exploitant. C'est précisément le but recherch