Le Sénat a bien failli fournir, hier, une illustration de sa
ringardisation accélérée. Lors de l'examen du projet de loi sur la sécurité routière, il a gravement débattu de l'interdiction de l'usage des rollers et des patins à roulettes sur la voie publique et les trottoirs. Un amendement défendu par Jacques Mahéas (PS, Seine-Saint-Denis) au nom du groupe socialiste proposait l'interdiction des rollers et patins à roulettes, sauf autorisation par arrêté du maire «dans des conditions de lieux, de temps et de sécurité définies par décret». «Faute de respecter la plupart du temps les normes de circulation, leurs utilisateurs sont responsables de chocs parfois dangereux pour eux-mêmes et pour les passants», a déclaré Jacques Mahéas, tout en affirmant qu'il ne voulait pas «enquiquiner les jeunes». Le rapporteur de la Commission des lois, Lucien Lanier (RPR, Val-de-Marne), s'est opposé à l'amendement, en estimant qu'on n'avait pas «intérêt à créer une association des rollers râleurs». Quant au sénateur centriste Jean-Pierre Cantegrit (Français de l'étranger), il s'est demandé si cet amendement ne faisait pas «une provocation» visant à démontrer que les sénateurs sont «contre les jeunes» autrement dit, une astucieuse manoeuvre pour ridiculiser un peu plus un Sénat déjà embourbé dans le dossier de la parité. Le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot a estimé que cette mesure était d'ordre réglementaire. «Les maires ont le droit de prendre des décisions pour éviter les abus»,