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Interview

Interview de Guy Carcassonne. «Un miroir quotidien».

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Depuis dix ans, les Guignols sévissent sur Canal +. Mais les Guignols n'ont aucun pouvoir.
publié le 13 février 1999 à 23h44
(mis à jour le 13 février 1999 à 23h44)

Auteur d'un article intitulé «Peut-on gouverner contre les médias?» paru dans la revue le Débat, le professeur de droit public Guy Carcassonne a été conseiller de Michel Rocard à Matignon pour les relations avec le Parlement et la presse de 1988 à 1991.

Les Guignols ont-ils une influence?

C'est un miroir quotidien à peine déformant, tout juste caricatural, exactement comme les dessins de Pétillon, de Plantu ou de Wiaz. Les Guignols ont évidemment un impact, puisque beaucoup de gens les regardent, mais ils n'ont aucune influence. La démocratie repose sur un pari explicite: les électeurs sont adultes et conscients. Si une émission de télévision, si géniale soit-elle, parvenait à dicter leur décision, ce serait à désespérer de la démocratie.

Pourtant, des jeunes ont découvert la politique avec Jospin en «Yo-Yo».

Offrir une vision désacralisée, c'est sain. Quant à «Yo-Yo», c'était une image fausse, et cela n'a pas empêché Jospin de gagner les législatives. En 1995, on a dit un peu vite: «Les Guignols ont rendu Chirac sympathique, Chirac a été élu, c'est donc grâce aux Guignols.» Or s'il y a bien une chose que tous reconnaissent à Chirac, c'est qu'il est irrésistiblement sympathique. Les Guignols l'ont donc montré comme il est. Et ils ont montré Balladur sous un jour beaucoup moins sympathique. C'est un scoop? Les Guignols rendent compte d'une réalité, ils n'ont pas le pouvoir d'en fabriquer une autre.

On ne peut pas nier l'influence quand Chi