Quand il s'agit de flinguer, Valéry Giscard d'Estaing a toujours son
mot à dire. Hier, c'est François Bayrou, parti sous les couleurs de l'UDF aux européennes, qui s'est retrouvé dans le viseur du chasseur auvergnat. Dans un point de vue publié dans le Monde, l'ancien président de la République plaide pour une liste d'union de l'opposition aux européennes, seule à même d'«éviter la catastrophe», derrière Philippe Séguin. «Ce dernier, observe-t-il, a été désigné, puis confirmé, par le RPR. Faire de son retrait j'allais écrire de sa révocation la condition préalable à la constitution d'une liste commune serait s'enfoncer dans l'impasse, au moment où on se réclame du principe selon lequel chacun désignera les siens.» Pour ajuster son tir, Giscard s'est permis de changer son fusil d'épaule. Le 8 novembre encore, «il allait de soi» pour le président de l'Auvergne que la liste unique ne pouvait être conduite que «par quelqu'un qui ["] n'a pas voté contre Maastricht». En clair, Séguin. Tout en ciblant l'UDF: «La tête de liste a toujours été issue» de ses rangs «et c'était une bonne chose. Je crois que c'est une position qu'il faut maintenir».
Avec, en bandoulière, le concept de l'Union, qui a fait sa gloire, VGE a préparé minutieusement son embuscade contre François Bayrou dès fin janvier. Prévenu du lancement de la liste UDF, mais acceptant mal de voir l'ancienne confédération survivre sans lui, il s'est gardé d'envoyer le moindre message de soutien à la convention de Bordeau