La traite négrière et l'esclavage, aboli en 1848, ont été reconnus,
hier, par l'Assemblée nationale comme «crimes contre l'humanité». Face à la tragédie (entre 15 et 30 millions de déportés) commencée au XVe siècle, les députés se sont inclinés à l'unanimité. Devant un hémicycle empreint d'émotion, Christiane Taubira-Delannon, députée (PS) de Guyane, à l'origine de la proposition de loi adoptée, a rappelé que le débat «n'est pas un objet froid d'études, parce qu'il s'écoulera encore quelque temps avant que la sérénité ne vienne adoucir la blessure profonde qu'irrigue une émotivité inassouvie». Sa proposition indique que «la République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes, constituent un crime contre l'humanité». Elle prévoit aussi de consacrer une «place conséquente» à ces questions dans les manuels scolaires, et d'instaurer «un comité de personnalités ["] chargées de proposer ["] des lieux et des actions de mémoire» en France. La commission des lois de l'Assemblée a en revanche supprimé toute référence à la «réparation due au titre de ce crime». «Qualifier l'esclavage de crime contre l'humanité, c'est d'abord s'acquitter d'une dette envers toutes ces générations sacrifiées et leurs descendants qui porten