Strasbourg, de notre correspondante
C'était le 6 juin 1997. Le gouvernement Jospin avait quatre jours, et la toute nouvelle ministre de la Culture, Catherine Trautmann (PS), annonçait son intention de laisser son fauteuil de maire et présidente de la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) à son premier adjoint, Roland Ries. Celui-ci accorde son premier entretien au quotidien régional les Dernières Nouvelles d'Alsace. Il dit, évoquant celle qui lui cède sa place: «Je ne souhaite ni son retour rapide, ce qui signifierait son échec au gouvernement, ni son retour lointain, ce qui impliquerait que je convoite sa place ["]. Nous resterons en contact en permanence. Mais son rôle sera de conseiller et non pas de contrôler. Il y a un maire, il gouverne.» Trois mois plus tard, il ajoute (1): «Aux municipales, Catherine Trautmann pourra décider de revenir dans sa ville et je respecterai mon contrat moral de céder la place. Mais elle ne pourra pas le faire avec la perspective de retourner ensuite au niveau national ["]. Elle sera obligée de choisir entre le local et le national.»
Turbulence. En quelques phrases, tout était dit, ou presque, de cette curieuse cohabitation à la strasbourgeoise: la réalité d'un pouvoir qui change de main, les aléas d'un portefeuille ministériel, les incertitudes du retour. Vingt mois plus tard, ils sont tous d'actualité. A Paris, Catherine Trautmann, 46 ans, traverse une zone de turbulences à l'issue incertaine. A Strasbourg, Roland Ries, 54 ans, est aux com