C'est reparti pour le grand jeu de dupes. Comme chaque année en
Ile-de-France, droite et gauche vont se jouer, du 9 au 13 mars à l'occasion du débat budgétaire régional (14,5 milliards de francs) , une semaine de psychodrame ficelée d'avance. A trois mois des élections européennes, les considérations politiciennes de tous ordres sont assurées de l'emporter en séance sur le fait régional. Le président de la région, Jean-Paul Huchon (PS), et son premier vice-président chargé des finances, Manuel Valls (PS), qui ne disposent que d'une majorité relative, ont pourtant concocté un budget sans la moindre aspérité idéologique susceptible de braquer la droite. Objectif: inciter celle-ci à s'abstenir ou à voter leur projet de finances pour éviter d'avoir recours à la fameuse procédure du «49.3 régional».
Grosse caisse. Plus que jamais cette année, les circonstances sont cependant réunies pour en rendre inévitable l'utilisation. A l'Assemblée nationale, la droite a bataillé ferme, fin 1998, contre la nouvelle version du «49.3» qui permet désormais l'adoption d'un budget, sauf si une majorité de conseillers régionaux présentent un contre-budget et y accolent le nom d'un président de remplacement. On voit mal la droite se priver de la grosse caisse de résonance médiatique qu'offre la première région française pour souligner, comme elle l'avait dénoncé au Parlement, le «caractère inique» de cette loi. Au plan régional, l'heure est aussi à la surenchère au sein de la droite républicaine.