Il y a des dessins d'enfants. Des mots violemment antisémites. Du
beau, du moche. Des souvenirs, des indignations. Des interrogations sur la sortie du nucléaire, ou encore le plan secret du moteur universel propre et jamais en panne. Daniel Cohn-Bendit reçoit bien des lettres. De haine ou de soutien. Rarement entre les deux.
Héros et chaos. Première vague: trente ans en arrière. Une dame de Nancy se présente: «Je suis née dans une famille gaulliste, un grand-oncle ministre de la Reconstruction, un cousin chef de cabinet, 15 ans en 1968" Mes héros étaient Daniel Cohn-Bendit et Ulrike Meinhof. Je suis restée fidèle à mes amours anciennes.» Un ancien combattant sonne la charge: «A nouveau, vous émergez du chaos infernal, répandant votre venin" Vous n'avez jamais cherché qu'à déséquilibrer insidieusement la France depuis 1968. Le seul homme qui l'avait compris était le général de Gaulle. Il vous a, avec raison, renvoyé chez vous. Retournez-y.»
Hilarité et honte. Deuxième vague: les événements de La Hague, qui, là encore, ont réveillé deux extrémités de la société française. Un monsieur du Rhône a ri: «Le pétulant rouquin réclamant la protection d'un cordon de CRS pour ne pas être écharpé par les travailleurs" Merci encore pour ce grand moment d'hilarité.» Un salarié de l'arsenal de Cherbourg en aurait presque pleuré: «Les flots de haine réactionnaire m'ont donné honte d'être d'ici.» Une dame de l'île d'Yeu y a reconnu la marque des «hypocrites veaux français». Jolies jambes et Még