«Les 21 propositions pour le XXIe siècle», qu'adoptent aujourd'hui à Milan les socialistes européens, échappent-elles à la «guimauve» qu'étaient d'ordinaire les manifestes du PSE?
Ce texte représente une étape forte. La plate-forme d'il y a cinq ans était beaucoup plus langue de bois. Elle ne touchait rien d'important. Là, on avance un peu plus. Mais n'oublions pas que les partis sociaux-démocrates sont restés nationaux pendant cent cinquante ans. Leurs cultures sont encore très nationales. Il faut donc saluer Milan comme une nouvelle étape de confrontation de nos cultures avec la certitude que notre perspective est commune.
Peut-on dire qu'il n'y a plus des socialistes européens mais un socialisme européen?
Non, on est dans le biologique et le vivant, et tout ça évolue lentement.
Il y a un problème absolument majeur sur cette planète: le monde peut-il être régulé sans puissance publique?
Oui, disent les libéraux, non, répond la social-démocratie. C'est notre base commune. Mais, cela étant, que la culture des sociaux-démocrates néerlandais qui vivent principalement du commerce extérieur et n'ont d'espoir que dans une liberté des échanges absolue ne soit pas absolument miscible avec celle des agriculteurs français, c'est normal. On a une communauté de vue, on est restaurateur de la puissance publique et c'est déjà une formidable convergence. Mais nos élections sont nationales, la souveraineté est nationale, nos comptes rendus de mandat le sont aussi, donc nous mettons beaucoup de temps à bâtir un socialisme européen.
Les socialistes signent une plate-forme commune pour les européennes, mais leurs gouvernements se déchirent à propos de l'Agenda 2000. L'opinion va-t-elle s'y retrouver?
En ce moment, nous sommes devant une crispation momentanée dans les rapports franco-allemands à propos du problème agricole. Les Allemands sont les contributeurs principaux du financement de l'Europe. Ils disent: c'est trop, surtout au regard de la contribution britannique. On ne peut pas ne pas les entendre. Les Français sont d'