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Libération

Au salon, Voynet récolte les insultes. Une visite au pas de course sous les huées des agriculteurs.

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publié le 5 mars 1999 à 0h01

Dominique Voynet, ministre de l'Environnement, avait à peine

parcouru quelques mètres, hier, au Salon de l'agriculture, Porte de Versailles à Paris, que les premiers jurons fusaient. «Salope!» Puis, les attaques deviennent plus précises: «Vous n'avez pas peur de venir voir les agriculteurs?», interpelle un homme. «Non», répond la ministre. «Vous avez tort, il y en a 5000 derrière moi.» Les sifflets, les huées gonflent. Le hall réservé aux animaux résonne des vociférations de centaines d'agriculteurs. Les policiers pressent la ministre. Pour sa visite, jugée à haut risque, les effectifs de police ont été doublés.

Reproche. Depuis le saccage de son bureau, au ministère de l'Environnement, par des céréaliers, le 8 février, Voynet sait qu'elle n'a pas que des amis parmi les agriculteurs. Certains lui reprochent de trop influencer la politique agricole du gouvernement. Et ne digèrent pas son projet de taxer engrais, pesticides et autres herbicides. La ministre ne se laisse pas impressionner. Si elle s'est rendue au Salon de l'agriculture, ce «n'est ni par provocation, ni pour demander pardon, tente-t-elle d'expliquer à ses hôtes. Ma visite était planifiée avant le saccage de mon bureau. Il n'y a aucune raison pour que je reproche à l'ensemble des paysans les actes de quelques-uns. Je ne me sens pas en guerre avec le monde paysan et c'est ce que je suis venu dire ici.»

Machisme. Au grand galop, le cortège escalade un escalier, noir de monde. Derrière, la clameur continue. En haut, c