«Je ne suis pas un moralisateur.» Ainsi Daniel Cohn-Bendit
présentait-il vendredi, dans un café littéraire du XXe arrondissement à Paris, le deuxième opuscule de la campagne européenne des Verts: après Le nucléaire et la lampe à pétrole, voici Sois jeune et tais-toi (1), échange entre des jeunes plus ou moins Verts et le candidat. Et même s'il emprunte le titre à la grande époque, l'ancien soixante-huitard joue à l'ancien, pas au soixante-huitard.
Eux trouvent leurs revendications lycéennes trop matérialistes, pas assez bouleversantes, lui, désacralise Mai 68: «C'est vrai que dans la mémoire collective, les mouvements des années 60 sont plus importants, mais, en nombre, les mouvements des années 80-90 sont beaucoup plus importants. En fait, l'histoire falsifie un peu les choses.» DCB y va même de son mea-culpa: «J'ai l'impression qu'en 68, nous les révolutionnaires, on a méprisé le fantastique travail de réflexion qu'ont fait des dizaines de milliers d'élèves et d'étudiants. Ceux-là travaillaient à changer concrètement l'école et l'université, alors que, nous autres, nous voulions changer abstraitement le monde et la société.» L'action politique n'enthousiasme plus les jeunes, lui en a fait sa profession, il plaide: «Est-ce que ce n'est pas plus rationnel en politique de ne pas avoir trop d'espoir, de voter par la négativité c'est les moins salauds, c'est les moins mauvais et de faire avancer les choses dans la société en même temps? L'identification totale avec des politi