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Libération

Face aux jeunes, Cohn-Bendit désacralise Mai 68. Le leader Vert a présenté ses propositions en faveur de la jeunesse.

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publié le 6 mars 1999 à 0h02

«Je ne suis pas un moralisateur.» Ainsi Daniel Cohn-Bendit

présentait-il vendredi, dans un café littéraire du XXe arrondissement à Paris, le deuxième opuscule de la campagne européenne des Verts: après Le nucléaire et la lampe à pétrole, voici Sois jeune et tais-toi (1), échange entre des jeunes plus ou moins Verts et le candidat. Et même s'il emprunte le titre à la grande époque, l'ancien soixante-huitard joue à l'ancien, pas au soixante-huitard.

Eux trouvent leurs revendications lycéennes trop matérialistes, pas assez bouleversantes, lui, désacralise Mai 68: «C'est vrai que dans la mémoire collective, les mouvements des années 60 sont plus importants, mais, en nombre, les mouvements des années 80-90 sont beaucoup plus importants. En fait, l'histoire falsifie un peu les choses.» DCB y va même de son mea-culpa: «J'ai l'impression qu'en 68, nous les révolutionnaires, on a méprisé le fantastique travail de réflexion qu'ont fait des dizaines de milliers d'élèves et d'étudiants. Ceux-là travaillaient à changer concrètement l'école et l'université, alors que, nous autres, nous voulions changer abstraitement le monde et la société.» L'action politique n'enthousiasme plus les jeunes, lui en a fait sa profession, il plaide: «Est-ce que ce n'est pas plus rationnel en politique de ne pas avoir trop d'espoir, de voter par la négativité ­ c'est les moins salauds, c'est les moins mauvais ­ et de faire avancer les choses dans la société en même temps? L'identification totale avec des politi