Ils s'efforcent de faire profil bas, sans que ça se voie trop. Mais
les chefs politiques corses savent bien pourquoi ils étaient tous contre l'annulation des élections. La gauche s'attend dimanche à prendre une raclée, la droite à perdre sa majorité absolue. Et elle s'efforce du coup de transformer le scrutin en référendum contre le préfet Bonnet. Une stratégie qui risque surtout de profiter aux indépendantistes. Pourtant, pour la première fois, émerge une «troisième voie» entre les clans et les nationalistes, un agglomérat politique encore très informe, mais suffisant pour inquiéter les conservateurs de gauche et de droite.
La Corse vote les dimanche 7 et 14 mars pour élire les 51 conseillers territoriaux de son assemblée, qu'un statut particulier a dotée d'une large autonomie, dont elle use d'ailleurs assez peu. Les élections de mars 1998 avaient été annulées en décembre par le Conseil d'Etat, qui avait trouvé la trace de 826 suffrages irréguliers. Et la classe politique retourne devant les électeurs, en traînant notoirement les pieds.
Feu le vieux chef de clan. C'est que tout se passait parfaitement bien. La droite, après de douloureuses contorsions électorales, tenait parfaitement l'Assemblée. José Rossi (DL) avait enfin pu s'asseoir, à la présidence, dans le fauteuil du vieux chef de clan, feu Jean-Paul de Rocca Serra (RPR). Jean Baggioni (RPR) avait pris la tête de l'exécutif et croyait sincèrement dire qu'il était «le premier des Corses». Paul Natali (divers droite), en