Daniel Defert, sociologue, a été de tous les moments de la lutte contre le sida en France et ce dès son point de départ. C'est à la suite de la mort de Michel Foucault, son compagnon pendant vingt ans, qu'il a fondé l'association Aides, en octobre 1984.
Les associations de lutte contre le sida sont restées en retrait durant tout ce procès ...
D'emblée, Aides n'a pas voulu se porter partie civile, bien qu'il y ait, dans l'association, des hémophiles et des transfusés. On a refusé de s'associer à une criminalisation, celle de l'Etat comme celle des comportements privés. Dans une épidémie où il y avait eu de tels problèmes de discrimination, on ne voulait pas se mettre à rechercher des boucs émissaires.
Reste que, depuis le début, il y a eu confusion entre deux problèmes: la nécessité de rechercher des responsabilités administratives et politiques pour asseoir l'indemnisation des gens qui ont été contaminés durant la période où la contamination était effectivement évitable. Et, en second lieu, le fait que, lorsque l'on est responsable d'une politique, on doit rendre des comptes à son pays, qui a le droit de savoir comment sont prises les décisions politiques. Or, sur l'évaluation de la politique de lutte contre le sida, qu'est-ce que l'on a vu? Le Parlement n'a jamais joué son rôle d'évaluation des décisions politiques prises. La commission parlementaire de 1993, tardive et partisane, a été une caricature. Au final, l'échec de cette évaluation politique a conduit fatalement à une