Quelle différence y a-t-il entre un député et un sénateur? «Le
premier est myope, le deuxième presbyte», sourit Patrice Gélard (RPR, Seine-Maritime) qui présente ce matin son «contre-Pacs» devant la commission des lois du Sénat. Le sénateur voit loin, mais il peut se montrer schizophrène" et malin. Avant de soumettre son rapport au vote, Gélard devra s'expliquer sur ses déclarations d'hier: «Je propose d'inscrire la reconnaissance du couple homosexuel dans le code civil et de remplacer le Pacs par le concubinage.» Cette innovation, n'est pas, loin s'en faut, partagée par la majorité des sénateurs de droite. «C'est quoi, cette connerie? La vie privée des gens ne regarde pas le législateur», a réagi l'un d'eux, hier.
«Mal ficelé». En février, Gélard expliquait à Libération que «toute symbolisation du couple homosexuel est prématurée en l'état actuel de nos moeurs». Aurait-il été sensible, depuis, au charisme de Robert Badinter, qui défendait l'idée de faire entrer par «la grande porte du code civil» le fait homosexuel? Le sénateur PS voulait étendre à tous les concubins, hétéros ou homosexuels, la plupart des droits des couples mariés. Une voie bien différente de ce que propose Gélard. Son rapport s'inspirerait du «Pic» (Pacte d'intérêt commun) du Pr Hauser, qui organise les problèmes pratiques pour tous les duos cohabitants, sans différencier les amis, couples ou parents. Cette solution s'appuie sur une conviction profonde: il n'y a de couple digne d'être reconnu par le droit