Gauche morale contre gauche sécuritaire, gauche européenne contre
gauche nationale, gauche libérale contre gauche radicale" La gauche a toujours aimé les débats, les écoles de pensée, les querelles d'intellectuels. Autrefois, dans les années 70, elle était divisée en quatre: la première, la deuxième, la communiste et l'extrême. En mutation sous les années Mitterrand, elle s'est recomposée et apparaît, à l'issue des grèves de décembre 1995 et des pétitions contre les lois Debré en 1997, structurée désormais en trois familles: les «républicains», la «gauche radicale» et les «libéraux-libertaires».
Leur débat, pour l'essentiel, se déroule en dehors du PS et du PCF. Mais, depuis qu'il a pris le leadership de la gauche, Lionel Jospin a su se tenir en un point assez central du débat. Régulièrement, il a puisé dans l'une ou l'autre des familles de quoi nourrir ses discours. Ses positions prudentes sur l'Europe font écho à celles des républicains. Sa défense de la «modernité politique» est directement inspiré par les libéraux-libertaires. Même la gauche radicale quoique beaucoup plus rarement devient parfois l'inspiratrice de la politique du gouvernement, par exemple lorsqu'elle mène campagne contre l'AMI (accord multilatéral sur l'investissement).
L'arrivée de Daniel Cohn-Bendit dans le débat politique à l'occasion des élections européennes de juin a provoqué un sursaut des rivalités entre ces diverses sensibilités. Et ce d'autant plus que, par le jeu du mode de scrutin, les liste