L'«outing» est né en Angleterre en 1990. Les dignitaires de l'Eglise anglicane, qui avaient pris des positions hostiles aux homosexuels, sont contraints de révéler leur homosexualité sous la pression du chantage. Un an plus tard, Act Up-Paris, association activiste de lutte contre le sida, adopte ce principe de «la réponse à l'agression». En février 1999, pour la première fois, elle active cette mesure à l'encontre d'un député de droite. Il lui est reproché d'avoir participé à la manifestation anti-Pacs du 31 janvier et de ne pas avoir réagi aux slogans homophobes. Act Up lui envoie un courrier le 10 février, lui intimant de révéler son homosexualité, sous peine de le faire à sa place.
En rendant publique, le 8 mars dernier, sa menace d'«outing», Act Up a médiatisé sciemment sa démarche. Pour que les journalistes endossent la «fuite» du nom, accusent certains. L'association est passible de 300 000 F d'amende, pour atteinte au respect de la vie privée. Elle reconnaît être en négociation avec une télévision qui assumerait l'éventuelle condamnation, en échange de la primeur de l'info. Attaqué de toutes parts, Act Up a conscience d'avoir passé les bornes de «l'éthiquement correct». Philippe Mangeot, président de l'association, s'en explique.
Un député hétérosexuel a le droit de défiler sans broncher sous des slogans homophobes, mais pas un député homosexuel?
Ce n'est pas nous dédouaner que de reconnaître que l'«outing» n'est pas une arme très propre. Pour nous, ce député n'est pas seulement coupable de silence. Il a participé à une manifestation où l'on promettait le bûcher aux pédés, il cautionne