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Libération
Analyse

Le rude apprentissage de la démocratie

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Les opinions et les eurodéputés font irruption dans la construction européenne.
par Jean Quatremer, Bruxelles (UE), de notre correspondant.
publié le 16 mars 1999 à 0h09

Le rapport du comité des sages est sans appel: la Commission européenne en a rapidement tiré la leçon qui s'imposait et a démissionné. Le rapport confirme la plupart des accusations de népotisme, de mauvaise gestion, de fraudes portées depuis plus de six mois, par la presse d'abord, par le Parlement européen ensuite. Au-delà des responsabilités individuelles ­ Edith Cresson, au premier chef, qui fait l'objet d'une charge d'une incroyable violence ­, les cinq «experts indépendants» estiment que l'exécutif européen est devenu un bateau ivre.

«Responsabilisation». Ils ne s'arrêtent pas en si bon chemin et réclament, à mots à peine couverts, le départ des vingt commissaires en leur infligeant au passage une leçon de morale politique: «La responsabilité (") ne peut être une idée vague, une notion irréaliste dans la pratique. Elle doit aller de pair avec un exercice permanent de "responsabilisation. Chacun doit se sentir comptable de ce qu'il gère. (") Il a été trop souvent constaté que le sens de la responsabilité est dilué dans la chaîne hiérarchique. Il devient difficile de trouver quelqu'un qui ait le moindre sentiment d'être responsable. Or ce sentiment (") est essentiel. On doit le trouver, en premier lieu, auprès des commissaires. [La notion de responsabilité] constitue la manifestation ultime de la démocratie.»

Il est difficile d'être plus clair et plus incisif. La Commission a failli, elle doit partir. Santer n'avait-il pas prévenu, par avance, qu'il tirera