Ils parlent de la nation avec des trémolos dans la voix. Ils aiment les mots qui claquent, ne détestent pas jouer les Cassandres. Ils aiment aussi la politique. Depuis de années, ils dénoncent la construction européenne, attentatoire, estiment-ils, à la souveraineté française et au pacte social républicain. Et, progressivement, leurs idées gagnent en légitimité. Au point qu'à la rentrée 1998, le très maastrichtien Jacques Julliard, chroniqueur au Nouvel Observateur, s'entend avec Régis Debray pour remiser au placard la dispute sur l'Europe et écrire ensemble dans le Monde une longue tribune assez rétrograde sur la sécurité, que cosigneront Max Gallo et Paul Thibaud, intitulée «Républicains, n'ayons plus peur!». Julliard s'alliant avec les euro-hérétiques d'hier, quelle consécration!
Droit de cité. «Républicains de gauche»: les Max Gallo, Régis Debray, Paul Thibaud et autres Emmanuel Todd ont mis quelque temps à accepter le qualificatif. D'autant que d'autres épithètes ont suivi: «gauche nationale», «nationaux-républicains» ou pire, «gauche réac». Mais, finalement, ils ont choisi de s'assumer le jour où ils ont constaté, non sans un certain plaisir, que leurs thèses, autrefois moquées, avaient désormais droit de cité. Que ce soit dans le débat public la fondation Marc-Bloch s'est attirée un beau succès en organisant en février une confrontation entre Daniel Cohn-Bendit et l'antimaastrichtien fervent Henri Guaino ou sur la scène politique avec le retour en fanfare de leur