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Libération

Pacs: un grand esprit et une grande gueule pour ridiculiser le Sénat. Badinter et Mélenchon (PS) ont dénoncé le conservatisme de la droite.

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publié le 19 mars 1999 à 0h12

Le premier se taisait. L'autre roulait des mécaniques hier, dans les

couloirs du Sénat: «Je vais les traiter d'assassins. J'ai déjà vidé l'hémicycle en trois minutes et demie.» Le premier, Robert Badinter, avait beau, depuis des mois, garder secrètes ses préventions à l'égard du Pacs, le président de Commission des lois, Jacques Larché (RI), se chargeait de la promotion: «Badinter en personne nous a dit que ce texte était un foutoir.» Et s'il le dit, tout le monde acquiesce, Larché le premier. L'ancien garde des Sceaux n'est jamais nommé à droite sans «le plus éminent de nos juristes», «grand esprit qui honore la Haute Assemblée», surtout depuis qu'il a voté contre la parité. Le second, Jean-Luc Mélenchon, sénateur (PS) de l'Essonne, «gauchiste inadapté à notre maison» selon les mots d'un parlementaire RI, ne cache pas son peu d'estime pour le premier: «L'autre grand bourgeois qui vient ramener sa science.»

«Conformisme». Mélenchon, animateur de la Gauche socialiste au PS, défendait un Pacs subversif, ouvert à tous les compagnonnages, même fraternels: «Je n'en ai rien à foutre du couple, homosexuel ou pas. C'est d'un conformisme petit-bourgeois"» Mais hier, avant que la droite enterre le Pacs par 216 voix (RPR-UDF-DL) contre 99 (PS-PCF) et la reconnaissance de l'homosexualité, le grand esprit et la grande gueule ont mis leurs talents respectifs au service de la cause Pacs. Sous les «bravo Mélenche-tout», le subversif a d'abord rappelé, à tout seigneur tout honneur, qu'il avait