Le suspens judiciaire sera de courte durée. Aujourd'hui ou en début
de semaine prochaine, le parquet de Nanterre devrait faire savoir s'il y a lieu de poursuivre ou non le chef de l'Etat pour prise illégale d'intérêt. En effet, les enquêteurs ont largement eu le temps de décrypter, parmi les liasses de documents saisis à la mairie de Paris, ceux portant la signature de Jacques Chirac en personne. Et notamment cette lettre de décembre 1993 où l'ancien maire de Paris réclame un avancement pour une salariée méritante de son administration, dont le bureau ne se situait pas à l'hôtel de ville de Paris, mais au siège du RPR, rue de Lille. Juridiquement, y avait-il un motif pour que Madeleine Farard, chargée des relations avec le lobby agricole auprès de Jean-Claude Pasty, conseiller spécial de Jacques Chirac, soit salariée par la Ville?
Le juge Patrick Desmures va devoir répondre à cette première question: est-ce délictuel? Des enquêteurs pensent que oui, d'autant qu'au moment des faits Jacques Chirac était à la fois maire de Paris et président du RPR. Dans l'affirmative, faut-il poursuivre aujourd'hui le président de la République ou attendre la fin de son mandat? Des constitutionnalistes pensent qu'il faut attendre, pour ne pas porter atteinte à l'autorité de la fonction présidentielle. Mais d'autres jurent du contraire. Enfin, en cas de poursuites, Jacques Chirac devrait-il être traduit devant une juridiction commune (un tribunal correctionnel) ou devant la Haute Cour de justice?