Depuis une dizaine d'années, une révolution dans l'équilibre institutionnel français s'opère. Dans la tempête parfois, sous le poids des circonstances souvent. Pour bien mesurer ce qui se passe, il faut se souvenir que les premiers grands épisodes de mise en cause des responsables politiques dans des opérations de financement datent de l'affaire Urba bureau d'études lié au Parti socialiste. Il a fallu toute l'énergie des Verts pour que le scandale finisse par émerger au plan judiciaire. L'une des premières conséquences de cette affaire a été le vote d'amnisties et de lois sur le financement des partis politiques (en janvier 1990 et en janvier 1993) adoptées sur le thème du «plus jamais ça».
Dans le contexte actuel, cette chronologie n'est pas indifférente à mentionner, car la lettre signée par Chirac concernant une employée de la Ville de Paris, mise au service du RPR, ne permet pas seulement de constater un éventuel délit de prise illégale d'intérêt. Elle permet surtout d'établir un flagrant délit de mensonge, après les professions de foi faites sur l'abandon de vieilles pratiques de financement. Cette lettre date en effet du 16 décembre 1993. Mais, plus en profondeur, l'affaire Urba et toutes celles qui l'ont suivie (Alain Carignon, Grenoble et le marché de l'eau; Michel Noir, l'ex-maire de Lyon, et les finances de son gendre Pierre Botton, pour ne prendre que quelques exemples connus) ont conduit à l'acceptation d'une responsabilité pénale pour tous. Délinquants d'except