Entré en campagne en fanfare à l'automne, Daniel Cohn-Bendit a
tendance à s'user dans les sondages. Avec les Verts, il s'interroge sur son image et se repenche sur les temps forts de ces derniers mois. Interview de la tête de liste.
Votre atterrissage a été plus difficile que prévu. Le grand perturbateur fait moins peur aujourd'hui. Qu'est-ce qui se passe?
Le départ de la campagne était plus lié à un fantasme qu'au réel. Un fantasme de tout le monde de moi y compris , c'est-à-dire ancré autant dans l'histoire que dans la réalité d'aujourd'hui. Les médias, les individus ont réagi avec l'affect de la France à sa propre histoire, ils ont réagi à 68, à mon image d'alors. Cette société vit avec des mythes, la Résistance, la guerre d'Algérie, Mai 68" Aujourd'hui, je ne suis pas quelqu'un qui tente de s'imposer avec la provocation, la phrase, le mot, mais qui a une expérience politique et qui veut débattre d'un grand projet politique: une certaine idée de l'Europe. N'empêche, il y a eu La Hague, les chasseurs, Chevènement" Des événements venus brouiller mon image. Et les gens se sont dit: «Il est fidèle à son histoire, il provoque, il trouble.» Nous, on ne veut pas un revival «Cohn-Bendit 68», mais un discours sur l'Europe. Vous-même ne détestiez pas jouer «Cohn-Bendit le retour»? Oui, mais ce n'est pas simplement un retour en France, c'est un retour comme acteur politique. Sûrement, dans mon for intérieur, il y avait la volonté de dire: «Je n'ai pas changé», peut-être même le d