Il est 16 h 15 et, à l'Assemblée nationale, les députés de gauche et
de droite sont hilares. Leur collègue radical Michel Crépeau, 68 ans (Charente-Maritime), vient de les régaler de sa voix nasillarde. Le sujet (la baisse du taux du livret A) n'est pourtant pas folichon. Mais, avec la touche Crépeau, une question au gouvernement a souvent de l'allure. Le maire de La Rochelle est connu pour son franc-parler: on l'écoute tant pour ses bons mots iconoclastes que pour ses références historiques. Cette fois, c'est Dominique Strauss-Kahn qu'il vient de mettre en garde en se mettant les rieurs dans la poche. Un mot sur «l'argent fou, comme disait Mitterrand» en pleine affaire Dumas fait hurler la droite. Un conseil à DSK à propos de la baisse de la rémunération du livret d'épargne: «Attention à ne pas succomber au syndrome Juppé qui fait qu'on tire sur ses électeurs.» A cet instant précis, Michel Crépeau se rassied et" écarte les bras. Il vient de tomber en scène, victime d'un arrêt cardiaque. Au micro, DSK débute sa réponse et s'interrompt. Du haut du perchoir, Laurent Fabius est blême. Son voisin de banc, Georges Sarre (RCV), se lève et agite les bras. «Il fait un malaise, suspendez la séance.» Des députés se précipitent, s'agglutinent autour de l'élu étendu à même le sol avant d'être sommés de s'écarter. «Coupez la télé" charognards», hurle un élu en direction des journalistes. Philippe Douste-Blazy (UDF), médecin, tombe la veste. Aux côtés d'Alain Calmat (PS), lui aussi m