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Pour un Millon, t'as plus rien. Lâché par ses amis, ignoré des sondages, sans argent... l'ancien président de Rhône-Alpes est à deux doigts de renoncer à une liste aux européennes.

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publié le 26 mars 1999 à 0h17

Lyon, envoyée spéciale.

Le bus passe, repasse, arpente les arrondissements lyonnais. Il ne s'arrête pas. C'est la fin du tour de France de La Droite, le mouvement lancé par Charles Millon en mars dernier, au lendemain de son élection à la tête de la région Rhône-Alpes grâce aux voix du Front national. Le bus roule et proclame sur ses vitres: «La Droite vient à vous». Mais les portes restent closes. Personne pour distribuer les tracts. Le bus achève sa balade hexagonale et il est vide. Comme le regard de Charles Millon, traits fatigués sous un léger bronzage.

Caisses vides. Il est 19 h 30 ce lundi. Plus de 700 convives l'attendent, attablés Chez Georges, une grande brasserie lyonnaise. Des personnes âgées surtout, la famille, les amis, les fidèles. L'ancien ministre s'agace de leur bruit. Bernadette Isaac-Sibille, seule députée à l'avoir jamais soutenu, vient lui faire «un petit bonjour». «C'est une groupie», soupire Millon, las. Sa femme, Chantal, panier en osier au bras, tente de vendre montres et stylos Bic aux derniers soutiens de son mari. Ça ne marche pas très fort: les fans ont déjà déboursé 160 francs pour un plat unique, la choucroute au canard. Le maire de Belley déambule entre les tables, dédicace son livre, fait la bise aux vieilles dames, cherche du regard les caméras et les objectifs des photographes désormais absents. Lui-même est ailleurs. Quelque part entre amertume et déception. Il assiste, impuissant, à sa chute.

Chassé de la présidence de la région en janvie