Le premier pas, ça ne se rate pas. Comme on soignait jadis son
entrée dans le monde, les têtes de liste de droite comme de gauche ont bichonné leurs débuts de campagne. Dans le bal des européennes, c'est à qui attirera les regards. Alors chacun joue des coudes pour sortir du lot. Il y a les classiques et les branchés, les m'as-tu-vu et les discrets. Tout est dans le symbole, mûrement réfléchi par les états-majors des partis. Exemple du «plan com» sophistiqué, le premier déplacement de Philippe Séguin, tête de la liste RPR-DL. Pas de gros raout mais une petite virée en France profonde. Pas n'importe où, quand même: le 24 février, Séguin se rend à Blancafort (Cher), centre géographique de l'Europe. Pour l'ancien pourfendeur de Maastricht, c'est plutôt classe. Ça a, en outre, l'avantage de faire la nique à son rival centriste François Bayrou. Philippe Séguin vise large (pro et antimaastrichtiens). Souci d'équilibre oblige, il est venu poser, quinze jours plus tard, sur les lieux de la bataille de Bouvines, où, il y a presque huit siècles, le roi Philippe-Auguste avait vaincu les armées anglaise, flamande et germanique. Balade bretonne. Bruno Mégret, qui ne sait plus comment se faire remarquer, a opté pour le contre-symbole. A Camembert, le 13 mars, il s'insurge contre l'Europe qui lui fait se boucher le nez, celle «de Maastricht et de Bruxelles». L'inconvénient, avec les lieux trop symboliques, c'est que ça ne marche qu'une fois. Blancafort étant déjà pris, Bayrou a dû se