Deux chefs, Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret, un label, le «Front
national», un «Paquebot», le siège de Saint-Cloud, un logo et, surtout, un magot: 41 millions de francs consignés dans l'attente que la justice désigne celui des deux FN apte à percevoir cette dotation publique annuelle versée dans le cadre du financement de la vie politique. Débouté en référé le 8 février, Le Pen est reparti hier à l'assaut pour empêcher Bruno Mégret d'user de l'appellation «FN» et préserver ce qu'il considère comme son bien. La première chambre du tribunal de grande instance de Paris s'est penchée tout l'après-midi sur la recherche en paternité frontiste. Elle rendra sa décision le 11 mai. Au centre des débats, la légalité du congrès extraordinaire de Marignane qui, les 23 et 24 janvier, a porté Mégret à la présidence d'un FN rebaptisé Front national-Mouvement national, reléguant Le Pen au rang de «président honoraire». Brandissant tour à tour les statuts du FN, les deux parties se sont lancées dans une laborieuse chronologie des faits ayant amené à la scission de la formation d'extrême droite. «Un putsch, un hold-up médiatique, un mécanisme qui devait déboucher sur la prise de pouvoir d'un clan», a résumé Me Michel Laviolette, représentant du «canal historique» lepéniste, en fustigeant les multiples «violations» mégrétistes de la légalité. Texte sacré. D'abord la réunion «clandestine», le 13 décembre 1998, d'un conseil national extraordinaire, «une instance sans aucune valeur, un champi