A 9 heures pile, trois jours avant sa dernière, Pierre Bouteiller accueille ses invités d'un café et d'un croissant rituels dans le petit studio de la Maison ronde. L'ambiance nocturne est là, dans l'épaisseur de la moquette, dans les fauteuils clubs et la lumière tamisée. L'animateur-producteur de Quoi qu'il en soit et François Cluzet ont les yeux fatigués des hommes de nuit. Le décor est posé de ces conversations courtoises, mystérieusement bienvenues le matin, dont Bouteiller s'est fait l'artiste radiophonique. «Depuis Bleustein-Blanchet, dit-il, on n'a rien inventé à la radio. C'était dans les années 30.» Il admet «faire du Bouteiller» et ajoute, coquet: «Si on doit me copier, autant que ce soit moi qui le fasse.»
«Sans nostalgie». «Réjouissez-vous aujourd'hui, vous allez échapper au billet introductif que je fignole laborieusement chaque matin en essayant de rebondir sur l'actualité, comme on dit, de ricaner sur les sujets du jour, de prendre du recul et de faire le malin.» Cette petite musique agréable à l'oreille que Pierre Bouteiller distille chaque matin depuis deux ans s'éteint aujourd'hui. C'est désormais en tant que chef d'orchestre de France Musique que le maître radio officiera. En passant le relais de ses matinées à Gérard Lefort (journaliste à Libération), Pierre Bouteiller clôt «sans nostalgie» quelques décennies d'antenne radio. Et, sur France Inter, un cycle de 600 émissions quotidiennes. «Si j'avais pu arrêter plus tôt, je l'aurais fait. L