Lionel Jospin croyait avoir l'affaire de la chasse aux oiseaux
migrateurs dans sa gibecière. Deux réunions à Matignon, le 24 février et le 4 mars, avaient permis de faire accepter aux protecteurs de la nature et aux responsables cynégétiques la mise en place d'un comité scientifique chargé de jouer les juges de paix (Libération du 5 mars). Mais une fronde se prépare au sein du groupe de travail sur la chasse, constitué de députés socialistes. Avec le retour de Dominique Voynet en coeur de cible. «Approche sectaire». Dans une lettre qui sera adressée au Premier ministre dans les prochains jours et signée par «un nombre conséquent de députés», selon son auteur, Stéphane Alaize (Ardèche), ces francs-tireurs récusent «l'approche manichéenne et sectaire» de la ministre de l'Environnement. Et menacent, s'ils n'obtiennent pas rapidement une rencontre tripartite (groupe-ministère-Matignon), de «refuser [leur] soutien aux projets de loi de Dominique Voynet». Ils réclament une décision de Jospin en faveur de la chasse, «qui concerne aujourd'hui 1,5 million de personnes, dans leur immense majorité issues de milieux modestes».
Le lancement de cette offensive parlementaire était prévu mercredi lors d'une réunion du groupe PS à l'Assemblée, en présence de Jean-François Collin, directeur de cabinet de Voynet. Elle a tourné à l'échange de noms d'oiseaux. «Une majorité de députés socialistes ont déchiré cette lettre. C'était très chaud. Ce sont les élus d'Ardèche ou de Gironde qui sont des