Trois ans après avoir été lancée par Alain Juppé dans le cadre de
son plan de réforme de la Sécurité sociale, l'idée d'assurance maladie universelle, devenue avec Martine Aubry couverture maladie universelle (CMU), a terminé hier devant la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale l'avant-dernière étape de son parcours parlementaire. Ce texte qui devait faire l'unanimité a non seulement ravivé les vieux clivages droite-gauche, mais semé le trouble au sein de la majorité plurielle.
S'il s'était simplement agi d'étendre le parapluie de la Sécu aux 150 000 à 200 000 personnes qui ne sont pas couvertes par l'assurance maladie, l'affaire aurait pu se régler au plus vite, moyennant un financement d'un peu plus d'un demi-milliard de francs. Car, pour une large part, ces financements existent déjà, ainsi que l'avait montré Jean-Claude Boulard (PS) dans un rapport remis en septembre à Lionel Jospin. Les départements, rappelait le député de la Sarthe, ont mis en place des systèmes d'aide médicale gratuite. En solvabilisant les actuels exclus de la protection sociale, on économiserait sur ces dispositifs.
Autre perspective. Le problème est que le niveau de remboursement pratiqué par la Sécu est parfois tellement bas que les exclus risquaient de ne pas y gagner grand-chose. Il fallait donc étendre la couverture médicale à tous ceux qui n'ont pas les moyens de souscrire une assurance complémentaire. C'est l'option qu'a retenue Aubry fin janvier. Un changement de perspective