Briz, envoyée spéciale.
«Je sens dans la France profonde un mouvement en faveur du Sénat.» Mais comme ce frémissement tarde à se faire lame de fond, Christian Poncelet a décidé, vendredi, d'aller à la rencontre de cette France à Briz, en Ille-et-Vilaine, où s'était tenu en 1990 le congrès «de Rennes» du Parti socialiste. Hier, sous le crachin local et les hangars d'un parc des expositions perdu dans une friche industrielle, près de deux cents élus locaux du Grand Ouest, retraités pour la plupart, ont joué les figurants du «territoire», synonyme sénatorial de «France profonde». Ils ont écouté en s'ennuyant un peu le président RPR de la Haute Assemblée et les trois présidents des groupe de la majorité sénatoriale expliquer les noirs desseins du gouvernement. La réforme du mode de scrutin sénatorial qu'il mijote a pour unique objet de «permettre à la gauche dite plurielle de faire main basse sur le Sénat»; ce projet «s'inscrit, pour le parachever, dans un processus de désengagement, voire de désintérêt, vis-à-vis du monde rural», a dénoncé Christian Poncelet. Il a donc exhorté les représentants des petites et moyennes communes à «faire pression sur le gouvernement».
Le «territoire» est le mot en vogue chez les sénateurs de droite. Hier, dans un discours de quatre pages, Jean Arthuis, le président du groupe centriste, a réussi à le prononcer quatorze fois. «Monsieur le Premier ministre, ne jouez pas aux apprentis sorciers avec notre territoire. ["] Il ne saurait être question de