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Libération
Analyse

Les européennes se jouent au Kosovo. L'antiaméricanisme sert de cautère à tous les antieuropéens.

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publié le 13 avril 1999 à 0h42

D'aucuns la disaient vampirisée, mise sous le boisseau par cette

guerre qui a frappé aux portes de l'Union européenne. C'est l'inverse. Avec la guerre, la campagne a démarré. Les intellectuels ont été les premiers à poser les bonnes questions. Depuis, le débat gagne en intensité. Enfin une élection où les enjeux ne vont pas être réduits aux seuls sujets de politique intérieure mais porter aussi sur l'essentiel. Cette fois, c'est bien l'Europe, son être, son faire et son devenir, qui sont au coeur de la discussion. L'Union peut abdiquer devant la souveraineté des Etats ­ quelles que soient les actions qu'y conduisent leurs dirigeants ­ ou se faire le chantre d'un droit d'ingérence humanitaire. Elle peut vouloir rivaliser avec les Etats-Unis, et devenir une véritable puissance politique, en ajoutant à sa monnaie une défense et une politique étrangère communes. Mais elle peut aussi rabattre son ambition, rester une addition de nations sous tutelle militaire américaine. «L'avenir de l'Europe se joue au Kosovo», comme l'a dit, hier, Alain Madelin. Et c'est bien autour des interrogations que soulèvent le conflit que se bâtissent les clivages du 13 juin.

Hochet et vestige. Les souverainistes ne s'y sont pas trompés qui ont déjà annoncé la couleur. On croyait Villiers et Pasqua mus par la seule aversion des traités de Maastricht et d'Amsterdam, les voilà qui convolent en liste commune au nom de leur opposition à «la guerre conduite par l'Otan». L'antieuropéisme commençait à fatiguer