Le 1er avril, Jean-Pierre Chevènement avait distribué à ses
collègues ministres un extrait des oeuvres du philosophe allemand Hans Magnus Enzensberger. Hier, il a récidivé avec ce texte qu'il a intitulé Hans Magnus Enzensberger répond à Hans Magnus Enzensberger. «Que la solidarité avec le monde entier soit un noble objectif, personne n'en disconviendra. Qui veut et peut oeuvrer dans ce sens mérite l'admiration. Seulement, cet engagement sans limites pour le Bien s'accommode quotidiennement de la barbarie, il suffit à chacun de regarder son pays pour s'en convaincre. Les Allemands, par exemple, sont assez malvenus de jouer les garants de la paix et les champions des droits de l'homme, alors que des bandes de casseurs et d'incendiaires font jour et nuit régner en Allemagne la peur et la terreur. Le problème du Cachemire ne peut guère compter sur notre caution active; les conflits entre sunnites et chiites, ou entre Tamouls et Cinghalais, nous n'y comprenons pas grand-chose; quant à l'avenir de l'Angola, ce sont les Angolais d'abord qui auront à en décider. Et avant d'aller nous interposer en Bosnie, il nous faut d'abord mettre fin à la guerre civile dans notre propre pays. Pour les Allemands, cela signifie que notre priorité n'est pas la Somalie, mais que c'est Hoyerswerda et Rostock, que c'est Mölln et Solingen. Là, c'est à la mesure de nos possibilités d'action, c'est à la portée de chacun, c'est notre responsabilité. Mais il n'est nul besoin d'être allemand, ni encore moin