Jean-Pierre Chevènement sait y faire. Chouchou du Premier ministre,
il restera. Car s'il n'est pas d'accord avec les bombardements sur la Yougoslavie, lui, au moins, ne fait pas de bruit. Hier encore à déjeuner, après une réunion des ministres consacrée aux contrats de Plan (lire ci-dessous), il a très tranquillement distribué un texte, toujours extrait des oeuvres de Hans Magnus Enzensberger. Ledit penseur allemand peut se plaindre de l'utilisation que le ministre de l'Intérieur fait de ses écrits, cela n'empêche pas celui-ci de refaire fonctionner la photocopieuse. Pour diffuser l'idée qu'il vaut mieux balayer devant sa porte que d'aller le faire chez les autres. Commentaire amusé d'un ministre: «C'est pas tous les jours qu'un philosophe peut avoir Jean-Pierre Chevènement pour attaché de presse.» Résumé de la réunion par Lionel Jospin: «Une grande unité de vues et de cohésion au sein du gouvernement.»
C'est tout un art que de contredire le Premier ministre sans lui déplaire. Et visiblement rares sont ceux qui le maîtrisent. Jeudi 1er avril, réunion du gouvernement, au lendemain du Conseil des ministres où Gayssot, Chevènement et Voynet exprimèrent leurs inquiétudes et très vaguement leurs dissonances: Lionel Jospin commence par engueuler la communiste Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme. Il lui fait sèchement remarquer qu'il n'apprécie pas qu'après avoir été silencieuse en Conseil des ministres, elle se soit lâchée devant les micros à la sortie. La suite s'adre