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Libération

Eva Joly demande grâce aux avocats

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Dans une lettre à l'Ordre, la juge de l'affaire Elf se défend de les avoir dénigrés.
publié le 19 avril 1999 à 0h46

Ce sont presque des excuses. Adressé par la juge Eva Joly à Dominique de la Garanderie, bâtonnier de l'Ordre des avocats de Paris, le courrier que Libération s'est procuré est daté du 13 avril. «Je crois utile pour chacun de faire la mise au point suivante, afin que cesse un malentendu préjudiciable pour tous», écrit Eva Joly en préambule. Sur trois pages, elle s'explique sur les propos qu'elle a tenus le 1er avril. «15% du chiffre d'affaires de la criminalité va aux avocats», avait-elle déclaré lors d'un déjeuner avec des journalistes anglo-saxons. Les relations entre la juge et les avocats étaient déjà orageuses, elles avaient empiré après une perquisition chez Me Eric Turcon dans le cadre de l'affaire Elf. Et ces déclarations ont entraîné une salve de réactions et de procédures indignées. Dont une lettre à la garde des Sceaux et une demande de saisine du Conseil supérieur de la magistrature. Hautes autorités. «Je regrette, madame le bâtonnier, que vous n'ayez pas cru devoir me parler avant d'en appeler publiquement aux plus hautes autorités de l'Etat ou d'engager toute action judiciaire, car j'aurais très volontiers apporté les éléments propres à apaiser vos inquiétudes», poursuit la juge dans sa lettre. Elle rappelle que ses propos ont été tenus au cours «d'échanges de plus d'une heure et demie», où «ont notamment été abordés, d'une manière générale, les thèmes de la lutte contre la corruption, la criminalité organisée internationale et le recyclage de l'argent du crime»